Je n'avais pas forcément prévu d'y aller mais il se trouve que je passais par là, Bordeaux est si petit... J'ai donc vu Ségolène Royal tout à l'heure Place de la Bourse, venue encourager Michèle Delaunay, candidate face à Alain Juppé dimanche.
Réflexions sur la forme (puisque sur le fond il n'y a plus rien à dire depuis que le PS l'a touché) : tout d'abord, cette femme est extrêmement belle, entourée d'une aura comme si des projecteurs étaient en permanence braqués sur elle. Sourire charmeur cousu sur les lèvres, elle fend la foule avec grâce comme si de rien n'était, comme si son parti (et son compagnon) ne venait pas de signer son arrêt de mort. Deux interprétations possibles : c'est une battante, un bulldozer qui n'a pas peur de l'échec et parvient même à le transcender grâce à la force de ses opinions. Ou : c'est une inconsciente aveuglée par une ambition sans limite, qui se contrefout de l'avis du parti et pense pouvoir retourner la situation à son avantage grâce à la liesse populaire qu'elle déclenche sur son passage. Je vous laisse juges. Moi, j'ai malheureusement ma petite idée.
Arrivée après une bonne demi-heure de retard, entourée par des molosses qui laissent quand même les gens s'approcher, Royale est montée sur un banc de pierre pour faire son petit discours dans une sono pourrie, même pas digne de la pire disco-mobile de campagne - chapeau le PS pour l'organisation ! Pas de larsen, un miracle, mais des coupures de son sur la fin de sa harangue qu'on parvient quand même, avec un peu d'efforts, à reconstituer.
En substance, rien de nouveau, toujours cet incroyable culot qui lui permet d'affirmer, sans frémir, qu'il faut "transformer ce formidable résultat de l'élection présidentielle en victoire dimanche prochain". A ses côtés, Pierre Hurmic, un Vert bordelais bien sympathique qui va voter socialo dimanche, Noël Mamère qui va sans doute être réélu à Bègles, Alain Rousset, le président de la région Aquitaine qui ne s'est pas attardé et donc, Michèle Delaunay. Surprenante candidate, sorte d'extra-terrestre anorexique à la voix de travelo (je sais, je suis vache là, mais c'est plus fort que moi), ce dernier détail prenant toute son ironique dimension quand on découvre le slogan marqué sur l'affiche : "Michèle Delaunay, une nouvelle voix pour Bordeaux"
Tout ceci m'a laissé un goût amer malgré l'ambiance joyeuse et ensoleillée, les sourires et les applaudissements. Le PS ayant atteint le comble du ridicule depuis plusieurs jours, je me sens comme une citoyenne orpheline sans personne pour la représenter, sans espoir d'amélioration dans les 5, voire les 10 prochaines années. Alors quoi ? Ben je sais pas. Ségolène est belle et puis... voilà.